Art' Aline

 

Littérature / Poésie                                                                                                    Literature / Poetry


La porte s'ouvre sur la Littérature et la Poésie

RÉCOMPENSES

Diplôme de médaille de bronze de l'Académie Arts - Sciences - Lettres

pour mon livre " Ainsi s'en va le Temps " en 2025


Médaille de bronze de l'Académie Arts - Sciences - Lettres en 2025


PRÉAMBULE DU LIVRE Ainsi s'en va le Temps

 

LE DERNIER JOUR DES VACANCES

 

Ma tête lourde plombait sur l’oreiller. J’entendais des bruits de pas glisser sur le plancher. Ils résonnaient dans mon esprit pour amplifier sans doute le vague à l’âme qui m’habitait. C’était le dernier jour de mes chères vacances à la montagne. Le dernier mais aussi le plus dur à supporter. Le voile de mes songes se déchira net ce matin-là, poussé par l’heure inhabituelle d’un réveil précoce, et le coq, par respect sans doute, ne voulut pas rajouter plus de tristesse à ma mélancolie. Soudain, un orage effroyable éclata au-dessus de nos têtes, un froid vif me saisit, l’automne avait sonné. Je suspectais tous les éléments de la nature d’être de conni­vence, et cette conciliation bienveillante procura un peu de courage à mon départ, car l’automne, la nature le savait, je ne l’appréciais pas. Malgré les lumières allumées, une ambiance monotone régnait, une atmosphère d’abandon palpable, comme si nous n’étions déjà plus là. Je m’inquiétais pour ma maison­nette, allait-elle survivre sans moi ? Et moi sans elle ? Ma mère tourna une dernière fois la clef dans la serrure. Elle grinça plus qu’à l’accoutumée, et je compris que ce cri déchirant provenait de ma maisonnette, d’autant plus amplifié par le vide qui l’habitait. Je pleurais dans la voiture, et tandis que je m’éloignais des souvenirs les meilleurs, je vis ma petite maison seule à travers la vitre embuée. Elle était triste comme moi, ses yeux clos n’apportaient que plus de douleur à mon atta­chement, et la pluie, encore une fois, accompagnait ce deuil qui allait durer une année entière.

Sur le trajet, la montagne tout entière se recroquevillait dans un flot de morosité gris pâle. Je perçus l’accablement impuissant de mon village, vide de vie, fiévreux de peine, blanc comme le visage d’un mourant, disparaissant dans un épais brouillard au fur et à mesure que l’on s’en éloignait.

Un silence religieux s’établit dans la voiture qu’aucun mot n’aurait voulu troubler. Tout le paysage exprimait l’amer­tume étouffée du fond de mon âme, et lorsque je compris que personne ne s’immiscerait dans mes sentiments funestes pour me délivrer, je voulus m’endormir, détachée de tout, résignée comme une perdrix que l’on aurait abattue en plein ciel…

 

 

 

Je me souviens alors…

 

 

Aline Mascle

Tous droits réservés © 2013



Diplôme de la Compagnie littéraire du Genêt d'or pour mon poème " Le Cerf " en 2024

Prix du Conseil Départemental pour mon poème  " Ainsi s'en va le Temps " en 2025


LE CERF

 

La maison de mes rêves, nichée au bois dormant

Entourée de sapins, dans la forêt m’appelle,

Et le brame du cerf, viril et languissant,

Enveloppe le silence d’une ascension nouvelle.

 

Dans la nuée laiteuse, la bête semble renaître

Mais pourtant bien blessée sur ses fauves ramures

Les stigmates laissés d’une nuit longue et dure

Le cerf vainqueur ne laisse rien paraître.

 

D’un cri rauque d’amour, disparaît dignement

Dans les hautes fougères et les branches mouvantes,

Le bellâtre hume les fragrances enivrantes

Des biches qui l’attendent et l’observent fièrement.

 

Et le cerf épuisé avec sa lourde tête,

Ferme la marche de la harde qu’il suit,

La femelle gracieuse d’un pas sûr les conduit

Vers de claires sommières où sautillent faons et bichettes.

 

 

Aline Mascle

Tous droits réservés © 2024

       AINSI S’EN VA LE TEMPS

 

Je vois l’ombre de ma vie errer au clair de lune,

Comme un spectre esseulé chuchotant sur les dunes,

Se confiant à la mer, confessant ses souffrances,

Sans amour, sans haine et vide d’espérance.

 

Car mon souffle s’en ira tout au bout du chemin

Retrouver le sommeil, étendre dans la nuit

Le parfum de la rose qui voyage et qui fuit, 

Réveillant tour à tour les odeurs calmes du matin.

 

Alors que le vieux bois qui crépite dans l’âtre

N’a plus de racine, ni même d’horizon,

Et se meurt peu à peu d’un ton vif et rougeâtre,

Il ne verra plus l’homme tracer de longs sillons :

 

Ô bois sec et mourant, honore ma demeure,

Car ta flamme sacrée s’éveille et va mourir, 

Puis l’odeur se disperse, s’enfuit d’heure en heure, 

Tranquillement descend sur l’herbe pour la vêtir.

 

Mais l’espoir qui renait du fond de mon abîme,

Vient de ce Dieu qui de mon âme anime

La lumière des cieux, si souvent oubliée,

Qui pourtant maintes fois aurait pu me sauver.

 

Aujourd’hui je le sais, il n’est rien de plus beau,

Que de voir un enfant, le plus grand des joyaux,

Courir dans le jardin, remplir la maisonnée

De rires et de bonheur si souvent espérés.

 

Je m’en irai bientôt tout au bout de ma route,

Mon petit amour blond lira un beau matin,

Tranquille et joyeuse, une voix dira soudain :

Mamie m’offre ses rimes pour éclairer ma route.

 

 

Aline Mascle

Tous droits réservés © 2025